Analyse toxicologique des formes substitutives de consommation de cannabis
Déc.. 2023Politique du cannabis – comment aller de l’avant?
Vaporiser le cannabis dans des joints électroniques ou des vaporisateurs au lieu de le fumer mélangé à du tabac génère nettement moins de substances nocives. C’est la conclusion d’une étude commandée par l’OFSP et réalisée par des chercheurs d’Unisanté à Lausanne et de l’Université de Berne.
Le mélange de tabac et de cannabis dans un joint libère des milliers de composés chimiques différents lorsqu’il se dissout dans la fumée. Nombre de ces composés sont nocifs: les substances toxiques peuvent irriter les voies respiratoires, affecter les poumons et le système cardiovasulaire, nuire à la reproduction et provoquer des cancers. Toutefois, ces dernières années, l’intérêt de la communauté internationale pour les formes parallèles de consommation de cannabis a augmenté. Les vaporisateurs permettent aux consommateurs de chauffer le cannabis au lieu de le brûler. D’autres ont recours à ce que l’on appelle des joints électroniques pour inhaler des liquides contenant du THC sous forme de vapeur.
Une étude scientifique commandée par l’OFSP a comparé pour la première fois les quantités de substances nocives libérées dans les trois différentes formes de consommation de cannabis : des essais réalisés en laboratoire avec une machine à fumer artisanale ont montré que les substances malsaines atteignaient des concentrations nettement plus faibles dans la vapeur des joints électroniques ou des vaporisateurs que dans la fumée des joints.
De plus, comme les joints électroniques et les vaporisateurs n’utilisent pas de tabac, les consommateurs de cannabis ont la possibilité d’éliminer le risque supplémentaire pour la santé que représente la consommation de tabac. Les chercheurs concluent que d’autres études s’imposent sur l’utilisation des inhalateurs électroniques. Par exemple pour tester si les résultats obtenus en laboratoire peuvent être confirmés en conditions réelles.
Le cannabis étant toujours interdit, la recherche dans le domaine des formes de consommation substitutives n’en est qu’à ses balbutiements. On ne sait par exemple pas de manière définitive quels dommages pour la santé peuvent être causés par les substances de base des liquides contenant du THC. Dans le contexte d’une éventuelle régulation, de telles lacunes dans les connaissances représentent un véritable défi. Il est vrai que les enseignements tirés des cigarettes électroniques dans le domaine du tabac valent également ici : le potentiel de réduction des substances nocives dépend par exemple de l’appareil utilisé, du produit consommé, du mode d’utilisation et du comportement d’inhalation. Si une nouvelle régulation du cannabis à des fins récréatives devait voir le jour, il faudrait tenir compte des risques spécifiques pour la santé des différents types de produits et formes de consommation, tout en évitant que les fabricants de vaporisateurs ou de joints électroniques n’attirent de nouveaux consommateurs, en particulier des jeunes.