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Alcool et violence: un lien complexe

Édition n° 85
Mars. 2011
Partenariat avec l’économie

Journée PAC. La consommation d’alcool augmente de manière avérée le risque d’être impliqué dans la violence (domestique et publique), que ce soit en tant que victime ou en tant qu’auteur. La journée PAC (Plans d’action cantonaux alcool) sur le thème «Alcool, élixir de violence?» a mis la question en lumière.

La collectivité est confrontée à un grand nombre de questions et de problèmes provoqués par la rencontre alcool – violence. Lors de la journée PAC du 18 novembre 2010, des professionnel-le-s venu-e-s de Suisse et de l’étranger ont souligné les interactions entre l’abus d’alcool et la violence et indiqué des pistes de solutions pour mieux aborder ce problème. La violence domestique a été particulièrement mise en lumière, un sujet qui, en comparaison avec l’alcool et la violence en public, reçoit proportionnellement peu d’attention.  

La violence domestique: danger
Les chiffres de différentes enquêtes sont très éloquents sur les liens entre l’alcool et la violence domestique. Dans le cadre d’une étude de grande ampleur conduite en Suisse en 2001* des policiers, des services du conseil en alcoolisme et de la thérapie en alcoolisme, des médecins généralistes, des gynécologues ainsi que des personnes concernées du canton de Zurich et des expert-e-s issu-e-s des sept autres plus grands cantons ont été interrogés. Selon les résultats, l’alcool était en jeu dans 40% des cas de violence domestique. Une enquête menée auprès de policiers du canton de Berne en 2007** débouche même sur une proportion de 57% de cas de violence sous l’emprise de l’alcool. Problèmes d’alcool et violence sont donc étroitement liés. En conséquence, les offres de conseil et de traitement dans le domaine de l’alcool devraient aussi intégrer la question de la violence et inversement. Ce qui n’est pas (encore) le cas en Suisse.
Qu’en est-il donc du lien entre conseil en matière d’alcoolisme et lutte contre la violence domestique? Avant la journée PAC 2010 déjà, la nécessité de faire un état des lieux des modèles et des mesures à l’interface entre ces deux domaines avait été identifiée. Cet état des lieux a été réalisé par le Fachverband Sucht en collaboration avec le Service contre la violence du Bureau fédéral de l‘égalité entre femmes et hommes. Ces deux services ont été chargés par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) de mettre en réseau plus étroit les mesures de lutte contre la violence domestique et de conseil en matière d’alcoolisme.  
L’enquête a été conduite auprès des services de consultation dans les domaines de l’alcool, de la violence et de l’aide aux victimes. Une petite analyse qualitative et une enquête standardisée ont permis d’étudier les offres, les stratégies, le réseautage et les besoins d’agir à l’interface des trois secteurs.  

Peu d’offres de conseil combiné
Richard Blättler, du Fachverband Sucht, a présenté les résultats à la journée PAC. L’enquête auprès de 59 services de consultation et les recherches dans trois cantons sélectionnés ont révélé un potentiel d’optimisation important. Les client-e-s ne sont systématiquement interrogé-e-s sur la problématique combinée ni dans le domaine de l’alcool ni dans celui de la violence. La situation en la matière semble meilleure dans les centres urbains qui disposent d’une offre relativement bonne dans le domaine du conseil en matière de violence. Dans le domaine de l’alcool, une grande réticence est ressentie face au thème de la violence. Exception faite du TAVIM (Treatment of Alcoholic Violent Men, un programme appliqué en Allemagne) – qui n’est à ce jour encore appliqué par personne en Suisse – il n’a pas été cité de stratégie pour le conseil sur la problématique combinée. Traitement et conseil sont prodigués soit pour l’alcool ou pour la violence et, dans le meilleur des cas, on peut avoir un transfert et un traitement parallèle.
L’ancrage structurel réciproque est aussi encore trop faible pour donner une réponse commune efficace à la combinaison de dépendance et violence. Des entretiens avec des juges ont fait ressortir que la possibilité d’ordonner un conseil pour cause de violence et de problèmes liés à l’alcool est trop peu utilisée. Souvent, les procédures pour violence domestique sont même abandonnées au prétexte que l’auteur était sous l’influence de l’alcool. L’ivresse reste fréquemment invoquée comme circonstance atténuante – avec succès.
L’enquête a pu néanmoins susciter un pas en direction de la sensibilisation. De nombreuses suggestions sur le besoin d’agir et de formation continue ont émané des services interrogés, qui concernent essentiellement la recherche, le financement, la sensibilisation et un meilleur réseautage.

Journée PAC

Afin d’agir efficacement tant au plan national qu’au plan cantonal sur les problèmes liés à l’alcool et de coordonner ces actions, la Commission fédérale pour les problèmes liés à l’alcool (CFAL) organise chaque année, conjointement avec l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) et la Régie fédérale des alcools (RFA), la journée consacrée aux Plans d’action cantonaux alcool (PAC). Les professionnel-le-s chargé-e-s de la politique en matière d’alcool dans les différentes directions cantonales constituent le public visé par cette journée.

Contact

Gabriela Scherer, co-responsable section Alcool, gabriela.scherer@bag.admin.ch

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