PPP – la formule magique?
Mars. 2011Partenariat avec l’économie
Forum Thomas Mattig. PPP: Public Private Partnership, en français, partenariat public-privé. Trois lettres, trois mots – une formule magique? Les avis divergent: les uns voient dans le PPP la solution idéale pour l’action commune de l’État et de l’économie, les autres n’y voient qu’un piètre tour de magie visant à éclipser le public.
Concrètement et pris au mot, le PPP revêt des traits plus réalistes: fondamentalement, le partenariat public-privé n’est pas nouveau. La culture politique en Suisse connaît une longue tradition de partenariats entre les acteurs publics et l’économie privée. Le rail et la poste au niveau fédéral, l’informatique et l’énergie au niveau cantonal, le trafic et les déchets au niveau communal – pour ne citer que quelques exemples de longs partenariats public-privé. La question n’est pas de savoir s’il faut des PPP mais quelle forme doivent revêtir ces coopérations partenariales et comment on peut les exploiter encore mieux.
Comment saisir les chances offertes par les PPP? Cette question est à l’ordre du jour depuis plus de 10 ans dans la promotion de la santé. En décembre 1999 déjà, l’OMS annonçait le lancement d’une alliance globale pour la promotion de la santé, qui devait réunir des représentants des secteurs public et privé ainsi que de la société civile. La vision d’une alliance globale apparaît aujourd’hui de manière réjouissante dans un grand nombre de partenariats aux niveaux local, régional et national.
Quelle est la situation en Suisse? Promotion Santé Suisse a fait de bonnes expériences avec des PPP au cours des dernières années et lancé divers projets. En tant que fondation de droit privé avec un mandat légal et sous contrôle de l’État, Promotion Santé Suisse est déjà en soi un exemple de partenariat public-privé. Jusqu’à sa fondation, la prévention et la promotion de la santé ne faisaient que partiellement partie du cahier des charges de l’État. Ce qui fait tomber un point de critique (justifié dans certains cas) à l’adresse des PPP: celui selon lequel des partenariats conduiraient tout simplement à la privatisation de tâches étatiques.
Notre approche est axée vers l’avenir et repose sur l’hypothèse optimiste selon laquelle il est dans l’intérêt de l’économie d’accorder la plus haute priorité à la santé. Hors de question donc de contraindre l’économie à agir, ainsi que certaines voix s’en sont fait l’écho récemment dans le domaine de la santé. Le partenariat ne repose pas sur un contrôle venu de plus haut mais négocie des conditions qui placeront toutes les parties dans un rapport gagnant-gagnant. Par exemple, le label Friendly Workspace. L’idée est venue de l’économie privée, de créer des standards de gestion durable de la santé en entreprise. Promotion Santé Suisse a saisi la balle au bond et élaboré, avec des entreprises leader suisses, des critères de qualité pour évaluer le climat de l’entreprise.
Aujourd’hui, plus de 100’000 employé-e-s travaillent dans des entreprises qui ont obtenu le label Friendly Workspace attribué depuis 2009. Soigner l’image de l’entreprise en améliorant les conditions de travail – une situation gagnant-gagnant classique.
S’ils sont clairement définis, les critères de qualité pour l’attribution du label laissent aussi une marge de manœuvre pour les besoins spécifiques des différentes entreprises. La recette du succès d’un PPP pourrait donc être la suivante: pas de système bureaucratique rigide, mais de la souplesse et une présence partenariale. C’est toute la société qui pourra en profiter.
Thomas Mattig,
directeur Promotion Santé Suisse