La prévention du tabagisme, un droit de l’homme fondamental

Lors de la 15e Conférence mondiale sur le tabac ou la santé (mars 2012 à Singapour), Margaret Chan a prié instamment les participants de se servir de l’argument des droits de l’homme et des enfants contre les activités de l’Industrie du tabac et à imposer des interdictions. La culture du tabac et la consommation de tabac violent souvent les droits de l’homme. Le nombre élevé d’enfants travaillant dans les plantations de tabac (infraction à la loi sur l’interdiction du travail des enfants dans les travaux dangereux) ou le manque de protection des non-fumeurs (violation de leur droit à la santé) en sont deux exemples.  

Appliquer la Convention
En 2011 déjà, lors du WHO Global Forum, Margaret Chan avait attiré l’attention sur la propagation de maladies chroniques non transmissibles, telles que le cancer ou les maladies cardiovasculaires, fortement favorisées par le fait de fumer. Ces maladies sont un énorme défi pour tous les pays. La lutte contre les maladies non transmissibles n’est pas comparable à celle contre des maladies infectieuses comme le VIH ou le sida. La première est avant tout une lutte contre des acteurs économiques puissants qui poursuivent des intérêts purement commerciaux et en aucun cas sanitaires. Une coopération avec l’Industrie du tabac n’est pas envisageable pour Chan. Dans la lutte contre le tabagisme, seuls des moyens de pression légaux sont efficaces. Dans son appel, Margaret Chan soutient notamment l’engagement de l’organisation internationale «Human Rights and Tobacco Control Network» (HRTCN). Ce réseau mondial promeut la mise en place de restrictions du tabagisme sur la base des droits de l’homme. Pour y parvenir, il s’appuie sur des accords internationaux tels que la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte anti-tabac, la Convention des droits de l’enfant, la Convention du droit des femmes et le Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels (pacte social).  

Six millions de morts par an – tendance en hausse
D’après de «Tobacco Atlas», près de six millions de personnes ont perdu la vie en 2011 à cause de la consommation de tabac. Un fumeur sur deux meurt de la consommation du tabac, la moitié d’entre eux vers la cinquantaine. L’OMS s’attend à ce que le nombre de fumeurs continue d’augmenter dans les 20 prochaines années et, avec lui, les problèmes connexes. La stratégie mondiale de marketing du tabac vise actuellement avant tout les femmes dans les pays émergents et en développement.  L’Industrie du tabac ne sème pas seulement la maladie et la mort, elle provoque aussi des problèmes économiques, sociaux et écologiques: la consommation de tabac prive de nombreuses familles de leur principal soutien par décès prématuré; de nombreuses plantations de tabac emploient des enfants, les spoliant ainsi non seulement de leur santé mais aussi d’une formation et d’une perspective d’avenir; les plantations de tabac, gourmandes en pesticides et responsables de déboisements, causent enfin de graves dommages à l’environnement et à la santé.