«Le label ’Friendly Work Space’ a pour nous, office de la santé, une importance vraiment particulière»
Jui.. 2014Travail et santé
Trois fois trois questions. La présente édition de «spectra» s’intéresse au thème «travail et santé». Mais que fait l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) pour la santé de ses collaborateurs, notamment concernant le nouveau bâtiment où il emménagera en 2015? Nous avons interrogé Daniela Beeli, responsable Promotion de la santé en entreprise à l’OFSP depuis 2008, Fabienne Kälin, responsable de sous-projet Nouveau bâtiment OFSP, et Stefan Spycher, vice-directeur et responsable de l’unité de direction Politique de la santé de l’OFSP.
Quelle est l’histoire de la promotion de la santé en entreprise à l’OFSP?
Daniela Beeli: La promotion de la santé publique est le cœur de métier de l’OFSP. Mais la promotion de la santé en entreprise a aussi une longue tradition. Il y a 17 ans, l’OFSP participait déjà en tant que pilote au projet «Office en mouvement», lancé par l’Ecole de sport de Macolin (aujourd’hui OFSPO) et reposant sur le constat selon lequel des collaborateurs en forme sont plus résistants et présentent moins de problèmes de santé et d’absences. Au début, on a encouragé les activités quotidiennes typiques: marche rapide, prendre l’escalier plutôt que l’ascenseur, vélo et gymnastique à midi. Les résultats ont montré qu’on pouvait obtenir une amélioration du comportement concernant l’activité physique. Par la suite, on a étendu les possibilités au sein de l’office et établi des offres en matière de relaxation, d’alimentation et d’ergonomie. Depuis 1997, une trentaine d’offres ont été proposées, auxquelles ont participé plus de 65% des collaborateurs de l’OFSP.
En 2012, la promotion de la santé en entreprise a été intégrée au service du personnel. Depuis lors, l’OFSP s’efforce de l’ancrer stratégiquement, de l’aborder globalement comme thème de développement de l’organisation et de l’intégrer dans les processus liés au personnel.
Quelles offres sont à la disposition des collaborateurs?
Daniela Beeli: Un large éventail d’offres en matière d’activité physique, de relaxation, d’alimentation et d’ergonomie est proposé à tous les collaborateurs de l’OFSP, p. ex., gymnastique du dos, volley-ball, badminton, football, unihockey, Pilates, séminaires sur l’alimentation, ateliers d’ergonomie et différents événements comme la randonnée OFSP, la balade en raquettes, le tournoi de ping-pong et de baby-foot, la participation au «bike to work», etc. Et bientôt notre nouvelle offre: massages santé en position assise.
Comment les différents projets de promotion de la santé en entreprise sont-ils accueillis par les collaborateurs? Quels aspects rencontrent un écho positif, lesquels sont critiqués?
Daniela Beeli: L’expérience montre que, outre l’aspect promotion de la santé, les projets contribuent largement à la culture d’entreprise: ils améliorent l’ambiance de travail, la motivation et l’échange entre les unités organisationnelles (collaboration, réseau). Les différentes offres sont très appréciées. Plusieurs collaborateurs de l’OFSP dirigent eux-mêmes des cours.
Une critique porte sur le fait que les attentes et les souhaits des collaborateurs concernant l’éventail d’offres d’activité physique ne peuvent pas tous être satisfaits.
Quel profit tire une entreprise (ici, un office fédéral) de la promotion de la santé?
Stefan Spycher: L’objectif de toute entreprise est de prendre soin de son bien le plus précieux, ses collaborateurs. A ce titre, la santé est et devient de plus en plus un facteur crucial. Des études montrent (étude SWING 2011 de Promotion Santé Suisse) que les collaborateurs en bonne santé sont plus performants et innovants et ont plus de plaisir à travailler. Il a en outre été démontré qu’une gestion professionnelle de la santé en entreprise pouvait réduire drastiquement les absences de courte et de longue durées. Investir dans la promotion de la santé vaut donc la peine, aussi bien pour les collaborateurs que pour l’entreprise elle-même.
L’OFSP est l’un des plus grands offices fédéraux, il a de multiples tâches et suscite fortement l’intérêt du public. Les exigences et la charge de travail augmentent. Pour la direction, il est donc essentiel d’accorder aussi une grande importance au thème de la santé «en interne».
Quelles difficultés rencontrez-vous lors de la mise en œuvre de mesures de promotion de la santé en entreprise?
Stefan Spycher: A l’OFSP, nous nous efforçons quotidiennement de garantir une gestion durable de la santé en entreprise. Nous l’avons ancrée comme thème central dans notre stratégie du personnel. Nous avons fixé comme principe que la santé commençait par soi-même. La direction étant toutefois un facteur d’influence central pour la santé des collaborateurs, sa qualité et surtout les compétences des dirigeants en matière de santé seront désormais promues à l’OFSP. Le thème de la santé est ainsi intégré dans les objectifs, processus et instruments, et ancré dans la conduite au quotidien. Nous voulons faire attester cette évolution cet été via la certification «Friendly Workspace», qui a été fixée comme objectif de l’office.
Le label distingue les entreprises qui ont intégré la gestion de la santé en entreprise dans leur stratégie et mettent en œuvre des mesures d’optimisation de leurs conditions cadres. L’évaluation liée à cette certification aura lieu en juin. Le rapport, que nous voyons comme un «état des lieux», devrait nous parvenir à l’automne. Il nous montrera les domaines dans lesquels l’OFSP est déjà performant et ou nous pouvons nous améliorer.
Où en est l’OFSP par rapport à d’autres offices fédéraux? De qui vous inspirez-vous? Ou bien êtes-vous un exemple pour d’autres?
Stefan Spycher: L’obtention du label est une directive de l’ancien chef du département Didier Burkhalter à tous les offices du DFI. En dehors du DFI, aucun autre office fédéral n’a encore obtenu cette distinction. Je pense que pour nous, organisme de santé, le label a une importance vraiment particulière. D’une part, parce que la santé est notre cœur de métier et, d’autre part, parce que nous travaillons étroitement dans d’autres projets avec l’organisation qui décerne le label (Promotion Santé Suisse). A l’OFSP, le thème de la gestion de la santé en entreprise est ancré au plus haut niveau stratégique. Il est mis en œuvre dans divers projets de la stratégie du personnel. A ma connaissance, il n’en va de même dans aucun autre office au sein du DFI.
Comment les aspirations en faveur d’une office en pleine forme sont-elles intégrées et mises en œuvre dans la planification du nouveau bâtiment?
Fabienne Kälin: Financée par les impôts, la construction de bâtiments fédéraux doit respecter les normes en vigueur de la Confédération. L’Office fédéral des constructions et de la logistique est le maître d’ouvrage et donc l’instance de financement et de décision. En tant que futur usager, l’OFSP est représenté par une petite équipe dans les comités de construction concernés et inscrit au mieux nos aspirations en matière de santé dans les conditions cadres en vigueur. En font notamment partie: une salle de repos, une salle d’allaitement, des prises pour vélos électriques et un environnement attrayant avec un restaurant du personnel.
Nombre de collaborateurs sont sceptiques quant aux bureaux paysagers. Comment gérez-vous ces rétiences?
Fabienne Kälin: Tout changement apporte son lot d’incertitudes. Nous, l’équipe de projet Nouveau bâtiment, et les architectes les prenons très au sérieux et élaborons des solutions pour que les collaborateurs puissent se sentir bien dans leur nouvel environnement et travailler de façon saine. Outre les postes ergonomiques, plusieurs espaces dédiés au travail concentré, salles avec balcon et autres possibilités de se retirer sont à disposition. Nous travaillons en outre étroitement avec des représentants du personnel et donnerons de nombreux conseils et suggestions avant l’emménagement afin de permettre une collaboration et une cohabitation agréables dans l’espace ouvert.
Comment est conçue l’offre de restauration dans le nouveau bâtiment OFSP?
Fabienne Kälin: Pour notre futur restaurant du personnel, nous avons élaboré l’an dernier un catalogue de critères et trouvé en Compass Group un partenaire engagé. Outre la stratégie «good practice» (normes de qualité suisses pour une restauration collective propice à la santé), nous exigeons des produits saisonniers et régionaux. Des offres pour les personnes présentant une intolérance alimentaire et des plats végétariens appétissants seront aussi proposés.