voir {name}

retour

L’abus d’alcool cause des dégâts énormes à l’économie

Édition n° 105
Jui.. 2014
Travail et santé

Coûts liés à l’alcool. L’abus d’alcool ne porte pas préjudice uniquement aux personnes directement concernées. Il a des répercussions sur l’ensemble de la société et coûte chaque année plus de 4 milliards à la collectivité. Telles sont les conclusions d’une étude réalisée sur mandat de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). L’économie en subit les plus gros dégâts: les pertes de productivité générées par la consommation abusive d’alcool atteignent 3,4 milliards de francs.

Facteur de risque pour une soixantaine de maladies, la consommation abusive d’alcool provoque aussi nombre d’accidents et d’actes de violence. Elle cause également des pertes de productivité dans le monde du travail. En 2010, année de référence pour l’étude «Coûts liés à l’alcool en Suisse», la consommation d’alcool a coûté 4,2 milliards. Cela représente 0,7% du produit intérieur brut, soit 630 francs par citoyen suisse de plus de 15 ans.

80% des dégâts à la charge de l’économie
Les pertes de productivité entraînent un coût de 3,4 milliards de francs (soit 80% des coûts totaux) pour l’économie. Les entreprises en assument directement 1,2 milliard, imputable à de courtes absences au travail ou à une baisse de rendement des employés en raison d’une «gueule de bois». La mortalité et la morbidité dues à l’alcool coûtent 0,5 milliard de francs aux enterprises. La mortalité, à savoir les décès prématurés, fait disparaître des ressources de production. Quant à la morbidité, elle diminue la productivité en raison d’absences pour cause de maladie ou de mises à la retraite anticipée. Le 1,7 milliard restant correspond à des pertes économiques générales dues à la réduction du niveau de vie.  

613 millions de francs à la charge du secteur de la santé
Dans le secteur de la santé, les coûts directs dus à l’abus d’alcool s’élèvent à 613 millions de francs. Ils incluent les traitements dispensés en cas de maladie, d’accident ou de blessures liés à l’alcool. Les traitements stationnaires, de quelque 405 millions de francs, occasionnent des coûts presque deux fois plus élevés que les traitements ambulatoires, de 208 millions de francs.

251 millions de francs à la charge de l’exécution des peines
L’abus d’alcool favorise les infractions telles que des actes de violence ou la conduite en état d’ébriété. Elles coûtent 251 millions de francs à la collectivité, répartis entre les frais de police, de justice et d’exécution des peines. Près de la moitié (113 millions de francs) découle du travail occasionné aux forces de l’ordre. Les frais de détention des auteurs de ces infractions dues à l’alcool coûtent 75 millions de francs à la collectivité. La part des coûts concernant la justice est comparativement moins importante (64 millions), car seuls les cas non résolus sont à la charge du contribuable. En règle générale, les auteurs des infractions qui ont pu être confondus paient les frais administratifs de leur poche.  

Qui paie?
Ce sont les entreprises qui doivent faire face aux charges les plus importantes, estimées à 1,7 milliard de francs. Ce montant comprend les pertes mentionnées en raison des baisses de productivité, de la mortalité et de la morbidité. 1,7 milliard de francs vont au détriment de la prospérité socio-économique. Les coûts directs de santé et de l’exécution des peines sont répartis entre les assurances sociales (298 millions de francs) et l’État (387 millions), autrement dit, le contribuable. Les autres 179 millions de francs sont les dépenses des ménages privés sous forme de franchises de caisses-maladie et de quotes-parts, qu’il n’a pas été possible d’extraire dans l’étude faute de données disponibles. Ce sont les seuls coûts à la charge des particuliers qui ont été pris en compte.  

La prévention profite à tous
Dans l’absolu, tout le monde passe à la caisse – la collectivité a sa part de responsabilité dans l’abus d’alcool. Contribuant à réduire les coûts, la prévention sert donc non seulement les intérêts des entreprises et des assurances sociales, mais aussi ceux de tous les citoyens. Dans le rapport «Santé2020», qui répertorie les priorités en matière de politique sanitaire, le Conseil fédéral affirme qu’il faut renforcer la promotion de la santé et la prévention des maladies. Il entend ainsi diminuer les coûts que les mauvaises habitudes alimentaires, le manque d’exercice et l’abus d’alcool ou de tabac induisent pour l’économie. Le Programme national alcool (PNA) vise en outre concrètement à réduire les conséquences négatives de la consommation d’alcool sur la vie en société et l’économie.  

Divers projets de prévention
Deux projets en cours, l’un visant à renforcer les offres d’entraide, l’autre à favoriser l’intervention brève des médecins de famille, ont pour objectif de réduire les coûts. Un troisième, le modèle concernant les hospitalisations pour intoxications alcooliques, a pour but de systématiser la collaboration entre les médecins, les spécialistes de la prévention, les patients concernés et leurs parents. À l’heure actuelle, la prise en charge de ces patients est gérée différemment d’un établissement à l’autre. Le modèle doit permettre de renforcer l’efficacité des traitements et, partant, de réduire les coûts. Les activités de prévention portent aussi sur l’élaboration de documents sur la question de la violence liée à l’alcool et sur les mesures à prendre pour protéger les jeunes lors de manifestations soumises à autorisation. L’extension à large échelle d’achats-tests et des formations dispensées au personnel de vente doit améliorer l’application de l’âge légal de vente. Partout, des projets sont menés pour sensibiliser la population aux dangers de la consommation abusive d’alcool.

Plate-forme pour les entreprises

L’OFSP soutient de nombreux projets dans le cadre du programme national alcool, et bénéficie de l’appui d’une vaste alliance. Une étude montre que les coûts résultant d’une consommation abusive d’alcool peuvent être très élevés pour les entreprises. La plate-forme www.alcoolautravail.ch  fournit notamment des informations et des mesures de soutien pour des programmes de prévention en entreprise.

Contact

Gabriela Scherer, co-responsable section Alcool, gabriela.scherer@bag.admin.ch

Nach oben