Attentes envers une stratégie de réduction des inégalités sociales en santé

L’étude, conduite par Philippe Lehmann, professeur à la Haute École cantonale vaudoise de la santé, examine les stratégies et les actions concrètes mises en œuvre par les cantons en vue de réduire les inégalités en santé jugées inacceptables et évitables. Ce travail doit aider l’OFSP à approfondir ses réflexions sur une stratégie nationale possible et sur le rôle de la Confédération en la matière.  

Influence du statut social sur la santé
L’enquête couvre les cinq cantons de Bâle-Ville, Berne, Fribourg, Saint Gall et Vaud, qui, ensemble, réunissent un tiers de la population suisse. L’analyse montre que les acteurs cantonaux ont conscience des inégalités sociales en santé mais n’en mesurent pas souvent l’ampleur, la complexité et le caractère systématique du gradient social. Les groupes de population les plus démunis reçoivent des prestations adaptées, sur le plan social et sanitaire et des mesures de prévention de la pauvreté contribuent à diminuer les risques pour la santé. Les écarts culturels qui constituent des seuils d’accès aux soins ou à la prévention sont également identifiés et font l’objet de mesures appropriées.

Les cinq cantons s’efforcent tous de garantir l’égalité d’accès aux prestations sanitaires curataives, de tenir compte de la diversité sociale et culturelle dans les programmes de santé, et mettent en œuvre la lutte contre la précarité. Par ailleurs, les cantons font pression en direction d’une réforme  du système des assurances sociales au niveau fédéral.  

Absence de stratégie globale
L’observation générale des mesures cantonales de réduction des inégalités sanitaires souligne une démarche morcelée en nombreux efforts partiels, sans conception clairement élaborée. L’absence d’un cadre de référence national et d’objectifs communs au niveau suisse  favorise une juxtaposition des mesures dans le domaine de l’inégalité devant la santé. L’étude présente également les activités de plusieurs pays européens qui ont déjà, parfois depuis des décennies, mis en place des analyses systématiques et des politiques cohérentes de lutte contre les inégalités sociales. Ils trouvent un large appui dans des stratégies concertées au niveau européen, conduites avec le soutien de l’OMS et par l’Union européenne.   

Recommandations à la Confédération et aux cantons
Il est recommandé aux autorités de la Suisse, Confédération et cantons réunis, de prendre explicitement conscience des inégalités sociales en santé et de chercher à les réduire par une stratégie nationale qui se concentrerait sur les domaines de la prévention et de la promotion de la santé, dela lutte contre la pauvreté ainsi que  des réformes du système des assurances sociales. L’étude incite également au développement de stratégies de réduction des inégalités sanitaires liées aux conditions de travail.  

Il est recommandé à l’OFSP de s’intéresser vivement aux démarches européennes et de les faire connaître aux acteurs de la politique de santé en Suisse. Parallèlement, l’OFSP devrait observer de plus près les stratégies et les actions des cantons pour en tirer des éléments consensuels. Enfin, les différents offices fédéraux sont invités à renforcer leur coopération afin notamment d’établir un lien direct entre prévention de la pauvreté et promotion de la santé.  

Il est par ailleurs recommandé aux cantons d’inscrire leurs actions de réduction des inégalités face à la santé dans une stratégie plus cohérente et globale et de prendre connaissance des démarches européennes, des efforts des autres cantons ainsi que des orientations de la Confédération. L’absence de stratégie de lutte contre les inégalités en santé qui résultent des conditions de travail est nommément critiquée.
Le rapport «Inégalités sociales et santé en Suisse – Analyse des actions concrètes menées par et dans les cantons visant à diminuer les inégalités sociales face à la santé» peut être obtenu auprès de Ph. Lehmann, HECVsanté, av. de Beaumont 21, 1011 Lausanne