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Le 8e rapport sur la prévention du VIH en Suisse est paru

Édition n° 81
Jui.. 2010
Déterminants sociaux de la santé

Monitoring des comportements VIH/sida. En Suisse, la situation en matière de VIH/sida connaît une relative stabilité. Le comportement et les chiffres du VIH concernant les différents groupes à risque permettent de conclure que le travail de prévention en Suisse est en adéquation avec le problème, exception faite des groupes d’hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH) et des populations migrantes originaires de la région sub-saharienne.

Depuis 1987, l’évolution des infections au VIH et le comportement en matière de VIH/sida sont observés en Suisse grâce à un système de monitoring. L’objectif de ce système est de pouvoir évaluer l’efficacité de la stratégie de lutte contre le sida, d’anticiper les évolutions et d’adapter la stratégie en conséquence. Le système de surveillance des comportements regroupe les analyses faites de manière répétitive dans la population générale et dans les groupes de population particulièrement touchés par le VIH/sida. Les derniers résultats sont résumés dans la publication «Système de suivi de la stratégie de lutte contre le VIH/sida en Suisse. Rapport de synthèse 2004–2008. Raisons de santé 155». Le rapport qualifie de globalement satisfaisante la politique suisse en matière de VIH/sida, tout en relevant des points délicats déjà connus: un besoin d’agir auprès des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH) ainsi qu’auprès des populations migrantes subsahariennes.

Comportement à risque chez les HSH
On observe depuis la seconde moitié des années 90 une érosion des comportements préventifs parmi les HSH qui va de pair avec la forte augmentation, de 2003 à 2008, de nouveaux diagnostics de VIH dans ce segment de population. Selon les Gaysurveys, l’usage de préservatifs dans les relations stables est en recul depuis des années. Désormais, l’usage non systématique de préservatifs avec des partenaires occasionnels continue également d’augmenter, y compris parmi les jeunes HSH qui jusqu’ici s’étaient toujours mieux protégés que les HSH plus âgés. Deux tiers des HSH ayant pratiqué la pénétration anale sans préservatif avec des partenaires occasionnels indiquent avoir eu recours à des stratégies alternatives dites de «réduction des risques» dont le niveau d’efficacité demeure toutefois incertain. Il s’agit du retrait avant éjaculation, du positionnement stratégique (choix de la position active ou passive en fonction du statut sérologique; cette stratégie repose sur le fait que le risque de transmission du VIH est moindre pour le partenaire actif que pour le partenaire passif) et du sérosorting, le choix du partenaire à l’aide de son statut sérologique.
Pour ce groupe, il est malaisé de fixer des domaines d’action prioritaires. L’appartenance à une organisation d’homosexuels semble avoir des effets préventifs. Ces dernières jouent un rôle central dans la transmission des messages de prévention. Il est également clair que l’usage des préservatifs doit être encouragé, en particulier auprès des jeunes HSH. De plus, il faut prendre des mesures visant à contrecarrer la banalisation de l’infection au VIH et de la thérapie. Étant donné que la majorité des tests chez les HSH sont effectués dans un cabinet médical, il faudrait inciter les médecins à profiter de l’occasion pour insister sur la prévention.

Populations d’origine subsaharienne fortement touchées
Le nombre de nouvelles infections chez les personnes d’origine subsaharienne est proportionnellement élevé. Un faisceau d’informations convergentes atteste l’existence de comportements à risque accru au sein de ce groupe. Les migrants d’origine subsaharienne ont tendanciellement plus de partenaires sexuels et sont plus nombreux à ne pas se protéger au début d’une relation, lorsque le statut sérologique est encore inconnu. L’accès à la prévention, au conseil et au dépistage est insuffisant pour ce groupe. Quant aux autres groupes de migrant-e-s (p. ex. d’origine balkanique) les données disponibles ne semblent pas révéler de lacunes majeures en matière de prévention.

Bons comportements préventifs chez les usagers de drogue et dans les milieux de la prostitution
Les données disponibles issues du milieu de la prostitution indiquent que l’usage de préservatifs est largement répandu, sauf chez les travailleuses du sexe toxicodépendantes. Chez les travailleurs du sexe dont les clients sont des HSH, la protection par les préservatifs est élevée en cas de pénétration anale. En revanche, la fellation se fait généralement sans préservatif. La situation en matière de VIH dans la scène de drogue est également réjouissante: le nombre de nouveaux cas de VIH reste faible chez les consommateurs de drogue, et le partage des seringues est stable à un niveau bas (moins de 10%). Toutefois, cette constatation ne s’applique pas à la situation des prisons dans lesquelles les détenus toxicodépendants restent exposés à un risque élevé d’infection.

Personnes vivant avec le VIH/sida: l’utilisation systématique du préservatif a diminué
La majorité des personnes vivant avec le VIH/sida utilise systématiquement un préservatif en cas de rapports sexuels avec un partenaire stable. Cette proportion est toutefois en baisse de 77% (2007) à 71,9% (2008). L’évolution est semblable en cas de rapports sexuels avec un partenaire occasionnel. En 2007, 85,1% des personnes vivant avec le VIH/sida avaient utilisé systématiquement un préservatif dans ce cas, en 2008 elles n’étaient plus que 80,2%. La diminution est imputable au groupe des HSH dans lequel une proportion importante – et croissante – d’hommes vivant avec le VIH/sida avait eu des rapports non protégés avec des partenaires occasionnels au cours de la période sous revue (jusqu’à 2008).

Jeunes exemplaires
Dans la population générale, et en particulier chez les jeunes, l’utilisation systématique des préservatifs avec les partenaires occasionnels semble toujours bonne. Presque tous les jeunes ont bénéficié d’éducation sexuelle à l’école et ont reçu des informations sur la prévention du VIH/sida. Toutefois, certains thèmes comme celui de l’homosexualité sont encore trop peu traités. Pour les classes d’âge plus élevées (46 à 74 ans), on observe une diminution marquée de l’usage du préservatif dans des situations à risque (nouveau partenaire et partenaire occasionnel). De même, le test VIH est moins répandu dans ces groupes d’âge.

Influence de la formation et de la nationalité
Dans l’ensemble, les analyses selon le niveau d’éducation et la région linguistique n’ont pas révélé de grandes inégalités. Lorsqu’elles existent, ce sont surtout des inégalités de connaissances (moins bonnes avec des niveaux d’éducation inférieurs). On observe certains gradients sociaux dans la protection chez les HSH (moins bonne lorsqu’il s’agit d’étrangers et de personnes avec un niveau d’éducation inférieur).  

L‘étude: «Système de suivi de la stratégie de lutte contre le VIH/sida en Suisse. Rapport de synthèse 2004–2008. raisons de santé 155. www.iumsp.ch». Institut universitaire de médecine sociale et préventive Lausanne.

Contact

Martin Werner, section prévention et promotion, Martin.Werner@bag.admin.ch

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