Décider avant que la vie bascule
Mai. 2013Politique de la santé
Don d’organes. L’Office fédéral de la santé publique lance une nouvelle campagne centrée sur la communication en temps opportun de la volonté de faire ou non un don d’organes.
Pour ou contre le don d’organes? Si seulement Raphaël et Léo en avaient parlé avant de monter dans la voiture qui se balance maintenant au dessus d’un précipice. Contrairement à Léo, Raphaël est un ardent défenseur du don d’organes. Malheureusement, personne ne pourra bénéficier de sa bonne disposition, car il n’a pas rempli de carte de donneur et n’a dit à personne qu’il consent à faire don de ses organes en cas de décès. Aura-t-il jamais l’occasion de le faire? La situation est dramatique; impossible de sortir de la voiture, un faux mouvement, et elle plonge dans le ravin.
Spot «La décision»
Raphaël et Léo sont les protagonistes des spots télévisés et du court métrage de la nouvelle campagne de l’Office fédéral de la santé publique. Les films pointent le message principal: «Décidez-vous pour ou contre un don d’organes. Mais n’attendez pas trop longtemps. Sinon, vos proches devront prendre la décision à votre place.» La nouvelle campagne veut encourager les 40 pour cent de personnes constituant la «minorité silencieuse» à exprimer leur volonté en matière de don d’organes. Les auspices sont favorables: au cours d’un pré-test, le concept de campagne, un peu surréaliste, mais pourtant sensible, a trouvé un très bon écho et a été très bien compris. Il suscite de la tension, de la curiosité et une bonne dose d’identification. L’histoire parvient à atténuer le sentiment de malaise que l’on associe, par la force des choses, au thème de la transplantation, ce qui est important pour amener le spectateur à s’y confronter sans susciter de réflexe de rejet. La nouvelle campagne sera efficace si l’on en croit les statistiques: 20 à 30 pour cent de la population suisse portent aujourd’hui sur eux une carte de donneur remplie, contre 12 pour cent avant les campagnes. Si le personnel médical ne trouvait une carte de donneur chez trois pour cent seulement des donneurs d’organes potentiels jusque tout récemment, la proportion est passée à 16 pour cent aujourd’hui. Les médecins constatent en outre que de nombreux proches sont déjà très bien informés lorsque la question d’un don d’organes se pose.
Refus fréquent des proches
40 pour cent de la population suisse ne se sont pas encore prononcés sur la question du don d’organes, et de nombreuses personnes – y compris parmi celles qui ont pris une décision – n’ont pas communiqué leur décision. En l’absence d’une déclaration claire d’un donneur potentiel, la décision d’accepter ou de refuser le prélèvement d’organes appartient aux proches. Une décision très difficile à prendre pour eux, et qui est souvent négative, à moins que la personne décédée n’ait fait connaître sa décision, que ce soit par écrit ou par oral. L’étude «Swiss Monitoring of Potential Donors» (SwissPOD) révèle que le taux de refus des proches de donneurs potentiels en Suisse est particulièrement élevé. Entre septembre 2011 et août 2012, il était de 53 pour cent, contre 30 pour cent en moyenne européenne.
Plan d’action «Plus d’organes pour des transplantations»
La Suisse détient l’un des taux de dons d’organes les plus bas d’Europe. La liste d’attente pour recevoir un organe compte actuellement 1100 personnes et ne cesse de s’allonger. Avec environ 100 donneurs d’organes par an, il est impossible de couvrir les besoins. Pour augmenter le nombre d’organes disponibles à des fins de transplantation, le Conseil fédéral a lancé un plan d’action au mois de mars «Plus d’organes pour des transplantations». L’objectif est de faire passer à 160 le nombre annuel de donneurs. La campagne de transplantation et l’information intensive à la population sont deux mesures parmi de nombreuses autres. En effet, il y a également matière à agir auprès du personnel médical, dans les processus et dans la coordination des dons, ainsi qu’au moment de l’identification et du traitement en conséquence des donneurs potentiels.
Contact
Karin Wäfler, Section Transplantation et procréation médicalement assistée, karin.waefler@bag.admin.ch