Les hospitalisations pour intoxication alcoolique ne touchent pas que les jeunes
Mai. 2013Politique de la santé
Abus d’alcool. En 2010, près de 27’000 personnes ont été traitées dans un hôpital suisse pour dépendance à l’alcool ou intoxication alcoolique. 1’440 d’entre elles étaient des adolescents et des jeunes adultes âgés de 10 à 23 ans. La tranche d’âge la plus fortement touchée est celle des 45–74 ans.
Mandatée par l’Office fédéral de la santé publique, Addiction Suisse a analysé les traitements hospitaliers dus à l’alcool entre 2003 et 2010. Les traitements en cabinets médicaux, semi-hospitaliers ou les personnes reconduites chez elles par la police n’ont pas été pris en compte. Cette étude ne reproduit donc qu’une partie du problème.
12´000 intoxications alcooliques
En 2010, sur les 12’000 personnes hospitalisées en raison d’une intoxication alcoolique, 1’200 étaient âgées de moins de 23 ans. Par rapport aux années 2008 et 2009, les hospitalisations pour intoxication alcoolique chez les 10–23 ans ont donc légèrement diminué. Mais si l’on prend l’année 2003 comme valeur de référence, elles ont augmenté de 73%. Bien que la biture express augmente jusqu’à l’âge de jeune adulte, ce sont les 14–15 ans qui sont le plus souvent hospitalisés pour intoxication alcoolique. Pour Matthias Wicki, auteur de l’étude et chercheur chez Addiction Suisse, «cela révèle un manque d’expérience avec l’alcool de la part des plus jeunes qui risquent donc davantage de boire avec excès». C’est pourquoi la prévention doit toucher les adolescents le plus tôt possible, avant que les comportements problématiques ne soient ancrés. La protection systématique de la jeunesse mérite une attention toute particulière: les interdictions de vente d’alcool doivent mieux fonctionner et la société doit être davantage sensibilisée à la vulnérabilité des mineurs face aux boissons alcooliques. Une consommation excessive d’alcool ne conduit pas seulement à des pertes de mémoire, à de fortes nausées, à des troubles de la circulation ou au coma mais aussi, dans certaines circonstances, à la mort. En outre, il existe un risque nettement accru d’accident et de blessure, de violence ou de comportement agressif. Des conséquences susceptibles aussi de toucher l’entourage.
Dépendance accrue avec l’âge
Plus une personne hospitalisée pour ivresse aigüe est âgée, plus la probabilité qu’il ne s’agisse pas seulement d’une intoxication alcoolique mais d’une véritable dépendance à l’alcool est grande. C’est ainsi que le diagnostic d’une dépendance à l’alcool a pu être posé pour près de la moitié des personnes de 45 à 74 ans hospitalisées. Matthias Wicki relève également que les personnes plus âgées sont moins souvent hospitalisées pour consommation excessive «par plaisir» qu’en raison d’une dépendance à l’alcool installée ou pour des problèmes psychiques. En 2010, sur les 19’000 personnes traitées à l’hôpital pour une dépendance à l’alcool, 4’000 ont également été diagnostiquées pour intoxication alcoolique.
Encourager le conseil
L’étude souligne un besoin d’agir. Les personnes hospitalisées en raison d’une intoxication alcoolique ou d’une dépendance à l’alcool n’ont pas seulement besoin de soins médicaux. Elles doivent aussi recevoir des informations, des conseils et un soutien comme cela existe déjà dans certaines régions. C’est ici qu’intervient le Programme National Alcool (PNA). Le PNA élabore des stratégies qui montrent à quoi pourraient ressembler la collaboration étroite entre les hôpitaux, les services de conseil en addiction et d’autres acteurs. Entretiens individuels, offres de groupe ou contrôle des risques doivent aider les personnes concernées à repenser leur propre comportement en matière de boisson.
Etude (en allemand):
Hospitalisierungen aufgrund von Alkohol- Intoxikation oder Alkoholabhängigkeit bei Jugendlichen und Erwachsenen – Eine Analyse der Schweizerischen «Medizinischen Statistik der Krankenhäuser 2001–2010».
(Hospitalisations pour intoxication alcoolique ou dépendance à l’alcool chez les adolescents et les adultes – Une analyse de la «Statistique médicale des hôpitaux de l’Office fédéral de la statistique 2001–2010»)
Contact
Tamara Bonassi, Section Alcool, tamara.bonassi@bag.admin.ch