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Les migrantes et les migrants vont moins souvent chez le médecin

Édition n° 98
Mai. 2013
Politique de la santé

Recours aux prestations de santé. La population migrante vivant en Suisse ne recourt pas au système de santé de la même manière que les Suisses. Il y a également de grandes différences au sein même de cette population. Tels sont les résultats de l’analyse des données du deuxième monitorage de l’état de santé de la population migrante (GMM ll) et de l‘Enquête suisse sur la santé conduite par l’Observatoire suisse de la santé dans le cadre du Programme national Migration et santé.

Les migrants originaires de Turquie, du Portugal, de la Serbie, du Kosovo, de Somalie et de Sri Lanka interrogés dans le cadre du GMM II consultent nettement moins souvent le médecin que la population autochtone. Les ressortissants (hommes et femmes) du Kosovo et de Serbie (hommes) sont ceux qui ont indiqué le nombre de consultations le plus faible. Si l’on considère le nombre d’hospitalisations, la situation est toute autre: dans les douze mois précédant l’enquête, 16% des étrangers interrogés, mais seulement 11% de la population autochtone avaient été hospitalisés une ou plusieurs fois. La population migrante fréquente également plus souvent les services d’urgence, les services hospitaliers ambulatoires et les policliniques. Probablement parce que ces personnes n’ont pas toujours un médecin de famille et s’adressent donc directement aux grandes institutions. Les gynécologues sont également consultés un peu plus souvent par les migrantes que par les Suissesses, ce qui s’explique toutefois par un taux de natalité plus élevé chez les premières. Les migrantes et les migrants sont traités environ deux fois plus souvent pour dépression que la population suisse (10 vs 5%), avec une proportion nettement plus forte pour les femmes (13%) que pour les hommes (7,5%). Les personnes les plus touchées se trouvent parmi les requérants d’asile et celles qui sont provisoirement acceptées. En revanche, les Suissesses et les Suisses consomment un peu plus de médicaments que la population migrante, sauf pour les antalgiques que les migrantes et les migrants consomment davantage que les autochtones.  

Recommandations différenciées
Cette différence dans le recours aux prestations de santé peut s’expliquer par le fait que la population étrangère connaît moins bien les offres et la manière d’utiliser le système de santé suisse. Il faut donc mieux l’informer. La garantie de l’égalité des chances en matière de santé passera aussi par des mesures ciblées sur certains groupes. Par exemple, informer les migrantes et les migrants qui se dirigent spontanément vers les urgences qu’il existe un système de médecins de premier recours en Suisse. Ou encore, apporter rapidement, aux personnes courant un risque particulier de souffrir de dépression, le soutien nécessaire du premier interlocuteur dans le système de santé afin d’éviter les complications. Dans ce cas de figure, c’est la formation et la sensibilisation en conséquence du personnel médical qu’il faudrait améliorer. Quant à la consommation accrue de médicaments par les hommes migrants, probablement liée à un travail physique pénible, l’étude recommande une analyse scientifique précise, pour éviter aussi que la forte consommation d’antalgiques ne conduise à un risque d’invalidité accru. L’étude conclut sur la nécessité de procéder à des monitorages réguliers pour identifier des changements dans le recours aux prestations de santé par la population migrante.

Contact

Karin Gasser, Programme national Migration et santé, karin.gasser-gp@bag.admin.ch

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