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La santé mobile avec un grand potentiel, mais guère de transparence du marché et de qualité

Édition n° 121
Sep.. 2018
mHealth

Sept questions à Ursula Koch, responsable Prévention, prise en charge et suivi, et membre de la direction de la Ligue suisse contre le cancer. La Ligue prête un fort potentiel aux applications numériques, et pas seulement pour l’autogestion, la prise en charge et la réadaptation des patients. En cas de maladie à caractère global comme le cancer, les applications peuvent améliorer la mise en réseau des divers acteurs et, par-là, faciliter la coordination et le flux d’informations.

Pourquoi la Ligue soutient-elle les projets de mHealth ?

La Ligue s’engage pour la prévention de maladies cancéreuses, un conseil adapté aux besoins et des soins de qualité pour les personnes touchées par le cancer. La santé mobile offre un grand potentiel pour les soins et l’autogestion de ces personnes et augmenter leur qualité de vie. Les possibilités sont multiples : les outils lifestyle seraient plus faciles à utiliser pour la prise en charge et la réadaptation, tandis que les applications numériques de gestion des symptômes et des effets secondaires et de diffusion d’informations sanitaires pourraient aider à gérer la maladie tout en servant d’aides à la décision et à l’information.

Où la mHealth présente-t-elle (forcément) un intérêt ?

La mHealth est utile partout où elle aide, de manière simple et conviviale, les personnes concernées ou les prestataires confrontés à un cancer. Elle doit contribuer à des soins de haute qualité, accessibles, finançables et adaptés aux besoins des patients et améliorer le flux d’informations et la coordination.

Comment les applications de mHealth contribuent-elles à prévenir le cancer ?

Pour l’instant, l’accent est surtout mis sur les applications de bien-être incitant, par exemple, à faire davantage d’exercice et à manger plus sainement. Ces applications peuvent aussi être utilisées en support à physiothérapie en réadaptation oncologique ainsi que pour intégrer l’exercice au quotidien à la fin de la thérapie. Elles contribuent à améliorer l’état de santé en général et permettent d’éviter des séquelles.

« Pour l'instant, le transfer des solutions de mHealth vers la pratique thérapeutique au quotidien s'avère difficile. Il n'y a guère de transparence du marché ni en matière de qualité. »

Quel rôle peuvent jouer les applications de mHealth dans le soutien quotidien des patients cancéreux ?

En février, dans le cadre de la stratégie nationale contre le cancer, s’est tenu le symposium Digiself (digiself2018.ch), lors duquel des spécialistes ont présenté des applications concrètes mHealth en cas de cancer. Il faut les considérer comme des compléments à la prise en charge spécialisée. L’application CanRelax a été développée en vue de rétablir l’équilibre entre le corps et l’esprit ; Consilium vise à améliorer la communication entre la personne concernée et l’équipe thérapeutique. Il existe aussi des solutions plus globales, comme ONCOMPASS ™ aux Pays-Bas. Cette dernière offre, dans le dossier électronique du patient, des informations de santé individuelles, des conseils personnalisés, des aides à la décision, une assistance à la gestion des rendez-vous et une coordination entre les divers acteurs. Cette solution est remboursée par la caisse maladie.

Quels sont les défis auxquels la mHealth risque d’être confrontée en oncologie ?

Pour l’instant, le transfert de solutions de mHealth vers la pratique thérapeutique au quotidien s’avère difficile. Il n’y a guère de transparence du marché ni en matière de qualité. L’interopérabilité entre les applications pour patient et celles des prestataires fait également défaut. De plus, la vitesse à laquelle de nouvelles solutions mHealth arrivent sur le marché complique l’identification d’applications intéressantes et leur introduction systématique dans le système de soins. Par contre, Google est disponible partout et en permanence et offre des connaissances spécialisées aux néophytes.
Afin de fournir aux patients des informations de qualité, les spécialistes doivent non seulement recommander des sources fiables, mais aussi connaître les différents besoins des personnes concernées par le cancer. Enfin, l’utilisation de solutions de mHealth est fortement corrélée avec le statut socio-économique, le comportement des utilisateurs face au numérique et la culture sanitaire (eHealth literacy) des patients. Par ailleurs, la question de la qualité et de la protection des données se pose également dans ce contexte. Le sérieux, la fiabilité ainsi que la protection des données doivent être garantis. Enfin, les preuves factuelles de l’efficacité et de la rentabilité de nombreuses solutions de mHealth ne sont pas toujours apportées. Il apparait que l’acceptation est plus élevée si c’est le médecin, la caisse maladie ou une instance supérieure compétente qui la choisit et la recommande.

« Les solutions de mHealth peuvent servir à la préparation et au suivi de la communication médecin-patient. »

Quels espoirs nourrissez-vous à l’égard de mHealth concernant la communication médecin-patient ?

Les solutions de mHealth peuvent servir à la préparation et au suivi, par exemple, par un monitorage des symptômes en temps réel. Elles dégagent plus de temps pour discuter de manière ciblée des requêtes concrètes et fournir des informations adéquates aux patients. Mais les solutions mHealth peuvent aussi contribuer à « traduire » les diagnostics et à améliorer la mise en réseau des divers acteurs. Le cancer est une maladie touchant l’ensemble de l’organisme, ce qui exige la collaboration de divers spécialistes. J’ai l’espoir que les solutions numériques contribueront à simplifier la coordination et à optimiser le flux d’information entre prestataires, personnes concernées et proches.

Selon vous, quel est le rôle des ligues cantonales et régionales dans le développement de mHealth ?

À mon avis, leur rôle est d’offrir des informations factuelles, accessibles par voie électronique et simples à comprendre sur toutes les phases du parcours du patient. En outre, il est nécessaire d’encourager le conseil et le soutien numériques (conseil en ligne, chats, forums) ainsi que l’échange entre pairs (communautés en ligne, réseaux sociaux). Pour une meilleure information, il faut proposer et sélectionner des offres de mHealth de qualité et basées sur des preuves telles que certaines applications et aides à la décision. De plus, les ligues peuvent sensibiliser à l’utilisation du dossier électronique du patient.

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