voir {name}

retour

mHealth égal meilleure santé ?

Édition n° 121
Sep.. 2018
mHealth

Forum (FMH). Êtes-vous optimiste ou pessimiste à l’égard de la mHealth? Vilipendée par ceux qui l’accusent de brouiller sécurité, sphère privée, réglementation pour finalement transformer les patients en sujets de verre et simples numéros, elle est encensée par d’autres pour son immense potentiel, notamment de prévention et de promotion de la santé. La mHealth simplifierait la communication, les processus, permettrait de toucher un public jusqu’alors en marge du système de santé, sans parler des économies qu’elle apporterait et des avantages pour la sécurité des patients. C'est sans doute à mi-chemin entre ces deux visons extrêmes qu'il faut chercher la réalité.

Internet compte au bas mot trois milliards d’utilisateurs par jour. (1) Et il ne s’agit-là que d’une estimation a minima du potentiel des applications mobiles. Les applications de mHealth permettent d’analyser, de traiter et d’échanger manuellement ou de manière automatisée des informations et des données liées à la santé ou à la maladie partout, à tout moment, et en toute autonomie. Du point de vue médical, elles ont la capacité de soutenir les patients dans leur environnement habituel. Ce développement est également promu par les patients, dans la mesure où il les aide à mieux maîtriser leurs habitudes de santé. Diverses études laissent supposer que les applications de mHealth pourraient aussi contribuer à réduire les inégalités en matière de santé. Elles convoient des informations jusqu’aux groupes de population qui, pour différentes raisons, n’y avaient pas encore accès, leur ouvrant ainsi les portes de la santé publique.(2)

Sous réserve d’être conviviales, elles peuvent aider les professionnels de santé à se procurer des informations, à prendre des décisions et soutenir la collaboration interprofessionnelle. L’intégration des applications dans les activités médicales permet d’envisager de nouveaux modèles et formes de collaboration efficaces dans le domaine des soins. De nouvelles méthodes (reconnaissances de forme, pronostics personnalisés, etc.) dont les médecins n’auraient jamais pensé pouvoir un jour faire usage se profilent. Ces potentialités sont encore en friche, et leur financement est loin d’être garanti. Il reste en effet beaucoup à faire pour élargir le champ des applications de mHealth – ciblées jusqu’à présent sur les habitudes de santé individuelles et les débouchés commerciaux – aux changements comportementaux, contextuels et aux interactions sociales. Transformer ce produit en objet d’intérêt public nécessite notamment d’axer les offres sur les besoins, les aptitudes et les connaissances des utilisateurs.

On voit bien l’intérêt que présenterait, pour les professionnels, l’automatisation des données à grande échelle qui déboucherait sur une représentation contextualisée, et individualisable, des informations pertinentes pour la pose du diagnostic et la définition du traitement. C’est à cette seule condition que la mHealth pourra améliorer la qualité, la sécurité et l’efficacité thérapeutiques et acquérir une utilité publique pour les patients. La marge de manoeuvre, à cet égard, dépend du cadre existant – il ne peut y avoir d'agence sans les structures adéquates et réciproquement.

(1) Internet Live Stats [état au : 29.3.2018], http://www. internetlivestats.com/internet-users.
(2) Bauer A. M.; Rue T. et al: Use of Mobile Health (mHealth) Tools by Primary Care Patients in the WWAMI Region Practice Research Network (WPRN), http://www.jabfm. org/content/27/6/780.full; Grady A.; Yoong, S. et al: Improving the public health impact of eHealth and mHealth interventions, https://doi.org/10.1111/1753- 6405.12771, première publication le 31.1.2018.

Contact

Linda Hadorn,département Santé publique FMH,

Reinhold Sojer, département Numérisation/eHealth FMH,

Nach oben