Les troubles du comportement alimentaire sont assez répandus
Jui.. 2012Programmes nationaux de prévention
Etude de prévalence. Des études internationales conduites antérieurement l’attestent déjà: la prévalence de troubles du comportement alimentaire a augmenté ces dernières décennies. Il n’existait toutefois pas encore de chiffres pour la Suisse. Une étude récente de l’Université de Zurich permet désormais de chiffrer la fréquence de ces maladies.
En 2010, l’Hôpital universitaire de Zurich et l’Institut de médecine sociale et préventive de l’Université de Zurich ont conduit, sur mandat de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), la première étude nationale représentative sur la fréquence des troubles du comportement alimentaire en Suisse. 10 000 personnes âgée de 15 à 60 ans ont été interrogées. L’étude révèle que la prévalence vie entière est de 3,5% en Suisse. Cela signifie que sur 100 personnes, entre trois et quatre ont souffert au moins une fois dans leur vie de troubles du comportement alimentaire. A l’échelle européenne, les valeurs suisses sont comparables avec les valeurs de la France (4,2%), de la Belgique (3,5%) et de l’Italie (3,3%). Les troubles du comportement alimentaire les plus fréquents sont l’anorexie, la boulimie et l’hyperphagie boulimique (Binge Eating Disorder = épisodes de fringales récurrents, non suivis de comportements compensatoires visant à prévenir la prise de poids, comme c’est le cas avec la boulimie).
Les femmes surtout
Il ressort de l’étude que l’anorexie survient typiquement durant l’adolescence. En revanche, la boulimie et le Binge Eating ont tendance à apparaître plus tard. Ces troubles du comportement alimentaire touchent également les personnes au-delà de 30 ans. Sans surprise, les femmes sont plus fortement touchées que les hommes. Le déséquilibre est particulièrement marqué dans l’anorexie dont les femmes souffrent six fois plus souvent que les hommes (1,2 contre 0,25). L’écart entre les sexes est moins important dans les deux autres troubles. Pour la boulimie, les proportions sont de 2,4 contre 0,9% et pour le Binge Eating de 2,4 contre 0,7%.
Poids normal malgré des troubles du comportement alimentaire
Les troubles du comportement alimentaire ne s’accompagnent pas nécessairement de surpoids ou de poids insuffisant. Les problèmes de poids ne sont qu’un symptôme possible; de nombreuses personnes concernées ont un poids normal. Chez les anorexiques, 13% «seulement» ont un poids insuffisant, 82% ont un poids normal. Chez les boulimiques, 5% ont un poids insuffisant, 59% un poids normal et 37% sont en surpoids. Chez les personnes souffrant de Binge Eating, 55% ont un poids normal et 42% sont en surpoids. Une personne sur trois (33,1%) souffrant de troubles du comportement alimentaire montre en outre des signes d’orthorexie (comportement obsessionnel visant à consommer une nourriture «saine»).
Maladies sérieuses
Les troubles du comportement alimentaires sont un problème sanitaire sérieux en Suisse. Ils sont souvent chroniques, durent de nombreuses années, et conduisent un grand nombre de personnes concernées à une invalidité, voire à la mort. Eu égard aux conséquences graves des troubles du comportement alimentaire, il est important de sensibiliser la population à ces maladies et de suivre avec attention l’évolution de leur prévalence.
Les deux études ont été menées selon des standards internationaux et elles sont les premières enquêtes nationales de cette portée au niveau mondial dans le domaine des troubles alimentaires et de l’activité physique quotidienne. Les résultats on été intégrés à la brochure du MOSEB «Nutrition et activité physique en Suisse» (cf. image) et constituent une partie de l’observation globale du comportement en matière de santé.
Les troubles du comportement alimentaire et leurs principaux symptômes
Anorexie mentale (anorexia nervosa)
– Refus de maintenir un poids normal
– Poids inférieur à 85% du poids normal
– Grande crainte de prendre du poids
Boulimie (bulimia nervosa)
– Episodes récurrents d’hyperphagie et mise en œuvre de mesures compensatoires pour éviter de prendre du poids (vomissements, jeûnes, hyperactivité sportive)
– Estime de soi liée à la perception de son corps et plus particulièrement de son poids
– Les épisodes d’hyperphagie/vomissements/prises de laxatifs ont lieu au moins deux fois par semaine durant trois mois
Hyperphagie boulimique (binge eating)
– Episodes récurrents d’hyperphagie sans mesures compensatoires pour éviter la prise de poids
– Souffrance manifeste en rapport avec les accès d’hyperphagie
– Les épisodes d’hyperphagie ont lieu au moins deux fois par semaine durant six mois
Contact
Valérie Bourdin, Section Nutrition et activité physique, valerie.bourdin@bag.admin.ch