Concept de traitement pour migrantes et migrants atteints d’un trouble psychique

Plusieurs études démontrent que l’offre psychiatrique ambulatoire existante est fortement inadaptée en Suisse pour répondre aux besoins des requérants d’asile et des réfugiés, souvent affectés par des troubles psychiques suite à des événements traumatisants qu’ils ont vécus, comme la guerre, la torture, la violence ou la persécution. Dans la pratique, la plupart des migrant-e-s souffrant de troubles psychiques s’adressent aux médecins somatiques et ne sont envoyés que bien plus tard – souvent trop tard – chez un psychiatre, lorsque les troubles psychiques sont déjà devenus chroniques. Il en résulte des coûts élevés pour le système de santé et des possibilités de traitement plus limitées. De fait, on manque cruellement d’institutions psychiatriques ambulatoires à bas seuil, sachant répondre efficacement à ces situations particulières des migrant-e-s issus de la migration forcée.  

Concept à caractère exemplaire
La Consultation pour migrants des Services psychiatriques universitaires de Berne (SPU) est un service pionnier et exemplaire. Ce concept de traitement interdisciplinaire s’adresse avant tout aux requérants d’asile atteints d’un trouble psychique et aux migrant-e-s traumatisés. Les modules du concept envisagés permettent de traiter les patient-e-s de manière très individuelle, en misant sur plusieurs approches. Le recours à des interprètes qualifiés en assure une compréhension mutuelle. Le concept se compose des modules suivants:
1.    Examens psychiatriques et psychothérapie ambulatoire: ce module central de la consultation détermine et coordonne la participation des patient-e-s à d’autres modules.
2.    Consultation sociale: soutien dans des domaines comme le travail/chômage, la structure de la journée, la situation du logement, les contacts sociaux, le contact avec les autorités, la violence domestique ou la discrimination.
3.    Groupe d’activité physique pour les femmes et pour les hommes: modules liés au corps et à l’activité physique, séparés entre hommes et femmes, pour les patient-e-s souffrant de graves traumatismes.
4.    Groupe psycho-éducatif pour femmes traumatisées: ce module complète le module psychothérapeutique, et permet la transmission aux patient-e-s de connaissances de base sur leur maladie, ses causes et les possibilités de traitement.
5.    Cours d’allemand pour migrant-e-s dans le contexte de la psychiatrie: ce cours s’adresse expressément aux migrant-e-s qui se sentent dépassés dans les cours d’allemand habituels en raison de leurs problèmes de santé.
6.    Soutien par des bénévoles: le groupe-cible de ce module est constitué de patient-e-s qui souffrent de solitude, qui n’ont pas réussi à structurer leurs journées et qui, en raison de leur maladie
psycho-éducatif, n’ont pas de capacité d’initiative personnelle suffisante pour nouer des contacts.
7.    Jardins interculturels: ce module complémentaire externe s’adresse aux patient-e-s qui ont de l’intérêt et du plaisir à jardiner et qui disposent de compétences sociales de base.

Le soutien financier de l’OFSP a permis de formuler le concept de la Consultation pour les migrant-e-s des SPU sous forme de manuel. L’ouvrage donne un aperçu des différents modules et de leurs bases scientifiques et démontre l’efficacité du concept au travers d’une étude (Nosetti, 2011) conduite au sein de la Consultation pour migrant-e-s. Il contient également des informations fondamentales sur l’état de santé et la situation en matière de soins de la population migrante. Le manuel veut être une incitation pour les institutions qui veulent créer une offre similaire.